Le commerce équitable

Du 29 avril au 14 mai, c'est la quinzaine du commerce équitable.
A cette occasion, je voudrais savoir ce que vous pensez du commerce équitable ?
Est ce que vous en avez déjà entendu parler ?
Et ce que ça vous arrive d'acheter des produits équitables ?
Et ce que vous essayez de sensibiliser votre entourage sur le sujet ?

FINE (mouvement international du commerce équitable) a écrit:

Définition
Le commerce équitable est un partenariat commercial, basé sur le dialogue, la transparence et le respect, qui vise plus d'équité dans le commerce international. Le commerce équitable contribue au développement durable en proposant de meilleures conditions commerciales aux producteurs marginalisés, spécialement dans le Sud, et en sécurisant leurs droits.
Les acteurs du commerce équitable, soutenus par les consommateurs, s'engagent à appuyer activement les producteurs, à sensibiliser le public et à se mobiliser pour des changements dans les règles et les pratiques du commerce international conventionnel.

Objectifs
- Assurer une juste rémunération du travail des producteurs et artisans les plus défavorisés, leur permettant de satisfaire leurs besoins élémentaires en matière de santé, d'éducation, de logement, de protection sociale...
- Garantir le respect des droits fondamentaux des personnes (refus de l'exploitation des enfants, du travail forcé, de l'esclavage...)
- Instaurer des relations durables entre partenaires économiques.
- Favoriser la préservation de l'environnement.
- Proposer aux consommateurs des produits de qualité.

Le principal label distribué en France est le label Max Havelaar
Le commerce équitable concerne essentiellement le café, le thé, les bananes, le chocolat, le jus d’orange, le sucre, le riz.
On trouve ces produits dans des magasins spécialisés mais aussi dans la grande distribution : Atac, Auchan, Carrefour, Casino, Champion, Cora, Géant, Hyper/Super U, Intermarché, Leclerc et Monoprix.

Personnellement, c'est un domaine auquel je m'intéresse de plus en plus, suite à des cours sur le développement durable, mais aussi à des temps de partage sur le sujet à Taizé.
Je pense qu’il faut prendre conscience que l’on ne fait pas qu’acheter des produits mais qu’il y a des personnes derrières, et qu’en achetant on favorise tel ou tel système …

L’inconvénient c’est que les produits sont souvent vendus plus chers que les classiques.
Mais faire un petit geste de temps en temps, ce n’est pas le bout du monde non plus, quitte à moins consommer que d’habitude (chocolat par exemple).
Et puis ça donne l’impression d’agir pour une bonne cause, du coup je fais mes courses avec le sourire et je prends plus de plaisir quand je mange

Au-delà du commerce équitable c’est toute l’importance de ce qui est fait de notre argent qu’il faut prendre en compte.
Sans doute faut-il privilégier le marché à la grande distribution pour favoriser les petits producteurs.

Le même problème se pose au niveau des banques puisque dans la plupart des cas on ne sait pas ce qui est fait de notre argent …
Il existe là encore des alternatives, notamment avec la mise en place de finances solidaires

Voilà, j'ai essayé de résumer nos partages sur la question à Taizé (je compte sur Alice-Claire et Galou pour me compléter)
J'espère ne pas avoir été trop long et j’attends vos avis sur tout ça

Plus d’infos sur le commerce équitable ici

Je connais et je trouve super bien...

Je conseille les produits suivants :
Mangues sêchées : trop bon, l'impression d'avoir un chewing gum à la mangue. Pour la suite : âme sensible s'abstenir... Tellement ça colle aux dents que l'on en retrouve des morceaux dans la journée : que du bonheur !!
Café soluble (eh oui, on en trouve enfin).
Sucre complet : bien meilleur pour les yaourts

Il paraît que le magasin Artisan du monde à Annemasse (rue de la gare, à droite en allant de la poste vers la gare) fait parti de celui qui fonctionne le mieux en France (le Mac Do de Migro aussi d'ailleurs )

Intérogations : Est-ce que vraiment les petits producteurs sont bénéficiaires ? Comment est-ce que cela est controlé ? Qui gère ça ? Est-ce que ce dernier ne s'en met pas plein les poches au passage ? Pourquoi est-ce que les produits sont plus chers alors que l'on supprime des intermédiaires/négociants, donc ils devraient être moins cher car il y a moins de marge ?

Crainte : Que le "phénomène" prenne trop d'empleur et que plus rien ne soit controlable et controlé ?

Bon appétit
A quand les patates équitables ?

il est vrai que ca ce devellope de plus en plus mais pour en avoir eu des echo direct du mail il parait que ca fonctionne, mois je suis tombé dans la confiture et certaine sont delicieuse: mangue, bannane..

pour ce qui est des patate je croi kil va falloir attendre...

a pluche

Coucou!

Je n'ai pas vraiment de réponses à tes questions, Math, mais d'après les explications qu'on a reçues à Taizé, voici comment se calculerait le prix des produits de commerce équitable.

Prenons en exemple un produit vraiment bon: le Quinoa... (comme ça j'en profite pour vous le conseiller, c'est une graine, hm, un délice qui craque sous la dent!)
Bref, Monsieur M. est producteur de Quinoa en Amérique du Sud. Un jour, il reçoit la visite de Monsieur H. qui souhaite lui offrir la possibilité de vendre ses productions en bénéficiant du commerce équitable. Monsieur H. calcule alors avec Monsieur F. le nombre de personnes qui vivent grâce à sa production: sa famille, ses employés et les familles de ses employés. Ils calculent ensuite la somme moyenne dont chaque personne a besoin pour vivre, et fixent le prix de vente en fonction de cette somme...

Alors, pourquoi est-ce plus cher? peut-être parceque le bénéficiaire reçoit l'argent dont il a besoin, et non celui qu'on veut bien lui accorder. Est-ce que personne ne s'en met plein les poches au passage? et bien, peut-être qu'il y a des fraudes, comme partout, mais est-ce une raison pour renoncer à tenter l'aventure?

Un ptit mot pour finir pour aller dans le sens de ce qu'a dit Nico: à Taizé, nous avons été interrogés: qui connait les investissements faits par nos banques avec notre argent? N'est-il pas facile de se dire pour la paix... et de ne pas vérifier que notre argent n'est pas investi dans des sociétés qui ne conviennent pas à nos idées?
C'est ainsi que j'ai appris que des Banques équitables investissent dans des micro crédits qui aident les producteurs locaux des pays pauvres à se développer... Mais c'est tout ce que je sais, quelqu'un peut-il nous en dire plus?

Arvi, dans un monde équitable !-)

Je n'y connais pas grand chose, mais j'espère seulement 2 choses:
1) que ne soit commercialisé sous commerce équitable que des produits qui rapporte réellement aux petits producteurs, qui sont dans le besoin!!!
2) que les intermédiaires n'en profite pas pour faire de plsu gros bénéfice encore, sous prétexte que les producteurs ne vendent pas leurs produits selon la loi du marché, mais de leur rentabilité!!! (parce que je doute malgré tout que la rentabilité soit représentative de l'écart entre 2 produits comme c'est le cas aujourd'hui, ou alors, je suis affolé pour ceux qui vendent a perte!)

enfin j'espère que ce n'est pas le seul moyen d'aider ces personnes, et je compte bien ne pas aller à l'encontre de mes envies.

Et je serai ravi d'en connaitre plus encore!!!

J'ai peut-être 2 ou 3 trucs à ajouter!

Il y a 2 semaines j'étais à un week-end à Parménie avec des jeunes du CCFD, et j'ai discuté avec des africains de Côte d'Ivoire, Burkina faso, Congo qui sont acteurs dans des projets de développement ou de solidarité. J'avoue qu'ils nous ont un peu cassé le mythe du beau commerce équitable tel qu'on imagine qu'il se passe .

Selon eux, une des principales actions de ce commerce est de remplacer les intermédiaires (emballages, transports et tout et tout car même en voulant les réduire il en reste toujours) qui étaient auparavant des occidentaux par des personnes du pays d'exportation. Mais là le problème revient: une fois que vous avez la possibilité d'avoir un peu plus d'argent et que vous montez en grade, que vous soyez noirs ou blanc vous ne laissez pas passer cette belle occasion de s'en mettre plein les poches...Bon, ce n'est pas vrai pour tout, et pour l'instant c'est sûrement la moins pire des solutions, mais apparement c'est loin d'être parfait, il y a encore du chemin à faire!
Qu'est-ce qu'il se passe vraiment là-bas? A moins d'aller voir, dur de savoir, vu le monde de désinformation dans lequel on vit.

Ca n'empêche pas de vouloir agir pour un monde plus juste , et en effet il existe pas mal de banques, dont la plus importante est le crédit coopératif, qui proposent le système des finances solidaires. Ils proposent autant de services que notre cher crédit agricole par exemple, mais là au moins les placements de votre argent sont dit et clairs, et servent à quelque chose d'utile: commerce équitable bien sûr et pleins d'autres initiatives de solidarité. Je ne suis pas bien sûre qu'on accepte de vous dire à quoi sert exactement notre argent dans notre banque actuelle, on serait sûrement effaré de le savoir. Alors plutôt que de fermer les yeux renseignons-nous!
Il existe une autre alternative : les grosses banques comme le Crédit Agricole proposent (mais ça ils ne le disent pas, il faut le réclamer, parce que ça leur coûte plus cher) des placements éthiques. Votre compte reste le même sauf que les placements sont un peu plus réfléchis, (mais je ne suis pas sûre qu'ils acceptent encore une fois de vous dire ce qu'ils appellent "éthique") .

Voilà c'étais un peu long , mais si ça peut vous faire prendre un petit rendez-vous avec votre banquier pour voir ce qu'il en est ça aura servit à quelque chose!

En attendant, vive le commerce équitable malgré tout!
Bye

C'est intéressant, c'est vrai que je ne m'étais jamais posé la question de ce que font les banques de notre argent. Moi, j'imaginais un coffre fort bien blindé où j'avais toutes mes économies en pièce de 1 € qui dormaient paisiblement... A vous entendre ou plutôt vous lire, c'est un peu le contraire. Ma naïveté... . Je crois que ce soir, je vais prendre de quoi écrire et l'envoyer simplement au siège social de ma banque, juste pour savoir...

Je vous tiendrai au courant des réponses (si j'en ai...)

merci bien pour toutes ces explication, il est sur ke ce soir on se couchera moins con, et tout comme mathieu, je n'etait pas aller jusque la dans l'utilisatio que fond de notre argent les banques, mais il est certain, ke les derive sont vite arriver, et on en a connaissance qu'au moment du procès (si procè il y a)...
re merci a tous

Et oui, les banques se font des sous dans notre dos, c'est pour ca qu'il y a des compte rémunérés (les petites pièces et les petits billet ne savant pas encore faire des petits bébés... )

Non, plus sérieusement, quand on pose de l'argent à la banque, cette même banque l'investi en bourse pour en faire augmenter la valeur, ce qui fonctionne assez bien je pense. Ensuite, dans quoi ils investissent, c'est une très bonne question (fabrique américaine d'arme de guerre, fabricant de bonbon, petit commerce du fond de l'afrique,...)
Du coup, la banque n'a pas l'argent de tous ces clients. Si tous ceux ci voulaient récupérer toutes leurs petitespièces en même temps, ca risquerait de poser de petits problèmes (cf le krack boursier de je sais plus quand en amérique.

Sinon, le commerce équitable, je trouve ca génial (si ca fonctionne comme ca le dit bien sur, mais je pense que c'est le cas...)
A la fac, on a une cafet' tenue par des étudiants et ceux ci ont décidé de ne vendre que du café et du thé de commerce équitable. C'est bien meilleur que la machine à café et en plus, ca coute moins cher...

Alors VIVE LE COMMERCE EQUITABLE

C'est la première fois que j'entends que le Commerce Equitable est moins cher... COOL, c'est un bon début. Tcho

ouai tu peu me dire ou c'est pour que j'aille la bas, parce que partou le commerce equitable est plus cher, alors moi je sait pas....
peu etre que si c'est a la fac, c'est comme ca ke sa ce p&sse a l'ecole, il n'y a pas de benifice donc on achete au prix que ll'ecole achete mais comme c'est en gros c'est formcement moin cher....

En tout cas, moi, je viens de mangé chez Mathieu un chocolat noir 60% de Cémoi, commerce équitable Max avelard .... Avec les fameuses graines de quinoa !!!! Délicieux !!! Je vais en rechercher de celui-là, et tant mieux si il faut y mettre le prix !!!
:-)
ensuite, j'ai un article que j'ai lu, faut que je vous le tappe, c'est a ce sujet ... plutot pour, mais pas complètement les yeux fermés !!!
a suivre
tanguy

Je m'attaque à reprendre ce sujet puisque depuis aout je suis bénévole à Artisans du Monde (AdM pour les intimes) Paris Centre.

Artisans du Monde est le principal acteur du commerce équitable en France depuis 1974 (comme quoi le commerce équitable n’est pas si jeune que ça !).
Il s'agit d'un réseau de 142 associations locales regroupées au sein d'une fédération nationale, ce qui représente environ 5000 bénévoles et 50 salariés !
En 1984 une filière d'importation intégrée a été créée en partenariat avec le CCFD : Solidar'Monde. Cette marque est disponible uniquement hors grande distribution afin de garantir au mieux toute la filière dans le but qu'aucun intermédiaire ne s'en mette plein les poches (contrairement à Maax Havelaar qui ne garantit que la production).


Du coup comme les produits ne sont pas présents en grande distribution, une grande mobilisation est nécessaire pour se faire connaitre.
Cette mobilisation passe par 3 grands types d'actions :
- La vente des produits dans les boutiques. Chacune des associations locales possède sa propre boutique qui tourne à l'aide de bénévoles. Les ventes extérieures lors de salons, manifestations, concerts permettent d'élargir notre clientèle et de nous faire connaitre plus largement.
Alors pourquoi les produits alimentaires sont souvent plus chers ? Parce que les marges pour le producteur sont beaucoup plus importantes, parce qu'en étant une association on ne gère pas les mêmes proportions et donc on n'a pas les mêmes réductions de couts ...
- La participation à des actions de sensibilisation, d'information, d'éducation (AdM est reconnue par l'éducation nationale) qui permettent aux consom'acteurs de devenir des citoyens actifs.
- Des actions de plaidoyer et des campagnes de pétitions qui ont pour objectif de changer les règles du commerce international (ambitieux !) auprès du gouvernement, de l'Union Européenne, et de l'OMC. Pour prendre plus de poids, AdM est inscrit dans un réseau national (PFCE : Plate Forme du Commerce Equitable), européen (NEWS! : Network of European World Shops), et international (IFAT : International Federation for Alternative Trade).


Pour parler un peu plus personnellement, je peux vous dire qu'on ne s'ennuie jamais tellement le choix d'activités est large ! La formation se fait sur le tas mais toujours dans la convivialité.
Je crois que ce qui me marque le plus c'est les rencontres avec les producteurs (Rwandais, Palestinien, ..). Meme si le français n'est pas toujours top, la communication se fait sans problème et les échanges sont toujours d'une richesse extraordinaire. J'en ressors à la fois plein de révolte et d'espoir ...


Alors est-ce que le commerce équitable est totalement transparent ?
La réponse est clairement : NON !
Tout simplement parce que ce n'est pas encore reconnu au niveau législatif, parce que chaque organisme à sa propre vision et définition de la chose (bien que des fédérations travaillent activement la question).
Il n'existe pas non plus d'organisme indépendant réalisant des controles réguliers (mis à part Maax Havelaar mais qui ne garantit que la production)
Tout cela implique que certains abus sont réalisés : tentatives de récupération de part de la grande distribution, répartition des bénéfices non équitables …
Mais faut-il se servir de certains cas particuliers comme argument contre l’ensemble d’un nouveau modèle économique qui se structure de plus en plus et se remet sans cesse en question ?


Toutes ces actions s'inscrivent dans le cadre d'un développement durable et d'une économie solidaire pour que l'ensemble du commerce devienne plus respectueux des hommes.
Alors c'est vrai que ça parait bien utopique de faire changer les règles actuelles ... Mais peut etre qui si on s'y met tous l'utopie deviendra réalisable ?

Tiens moi ce qui m'intéresserait , avant de me rendre dans une boutique Adm, c'est de savoir l'étendu des produits que l'on peut trouver dans ces boutiques !!!
Parce que si je sus prêt à payer le même prix, un peu plus cher ou moins cher pour un produit de commerce équitable, j'aimerai ne pas faire le déplacement pour rien!
alors évidemment un apperçu de ce que je pourrai trouver m'aidera
(La c'est le cuisinier de l'aumonerie de la doua qui parle!!)

T'en a le courage M. Nicolas ???

En tout cas, ton plaidoyer m'a plu!!!

Pour donner un apperçu des produits dispos ça donne un bon millier de produits artisanaux, et plus de 120 alimentaires !
Bien sur je parle uniquement de la filière d'importation intégrée Solidar'Monde, mais on se fournit aussi chez d'autres importateurs

Alors pour les grands cuisiniers, je propose :
- Riz, pâtes, quinoa ...
- Des épices (canelle, clous de girofles, mélanges pour gâteaux, muscade, poivre, curry ...)
- Du sucre, du cacao ...
- Des sauces (chiliennes ...)
- Des huiles d'olives de Palestine (apres avoir rencontré un mec qui travaille sur place ça donne envie d'en acheter tellement c'est fou d'arriver à faire ce qu'ils font en ce moment !)
- Des fruits secs pour metre dans tes gâteaux par exemple (mangues séchés, ananas séchées, ...)

Je suis pas sur place là donc j'en oublie beaucoup, mais je complèterais ma liste
Je pense que tu devrais pouvoir trouver quelques produits intéressants.
Par contre tu ne trouveras pas ni légumes, ni fruits (du moins pas de frais)

Et pour aller plus loin, je vous propose les recettes à base de produits équitables

Bon appétit à tous

Voici un petit article du journal "Le Monde" paru le 4 Mai en ligne et que j'aimais bien car présentant le coté "là-bas" et 3 visages ... :

Au centre du Sri Lanka, près de la ville de Kandy, de son Bouddha blanc et de ses grappes d'étudiants, la forêt est une forteresse végétale qui coupe ses habitants du reste du monde. C'est là que l'on trouve, au détour d'un chemin, la maison de K. M. Senevirathna. Il dirige le groupe 28 de la coopérative Small Organic Farmers Association (SOFA), qui rassemble 1 800 fermiers. Ces derniers ont moins de 2 euros par jour pour vivre avec leurs familles.
Devant chez lui, une femme souriante parle avec un Européen. Autour du cou de l'étranger, un collier de fleurs témoigne de l'accueil qui lui a été réservé. Il est presque midi. L'ombre des grands arbres protège à peine de la chaleur moite.
Ajantha Swarnathilaka, mère de trois enfants, montre à Tristan Lecomte, patron de la marque Alter Eco, les dernières techniques utilisées pour fabriquer les boîtes en feuilles de palme tressées qui contiennent le thé vendu par cette PME, depuis 2002, dans les supermarchés français.
Grâce à ce projet développé par la filière européenne de commerce équitable Max Havelaar, Ajantha Swarnathilaka gagne 16 roupies par boîte (11 centimes d'euros). A raison de 8 à 10 par jour, fabriquées les jours de pluie ou après la cueillette du thé, ces boîtes lui ont déjà permis de relier sa maison au réseau électrique, de s'offrir un fer à repasser et même de mettre un peu d'argent de côté pour l'école des enfants. Au Sri Lanka, l'école est gratuite, mais il faut payer l'uniforme et les livres.
Le sourire un peu inquiet et la gratitude dont témoignent les paysans de SOFA à leur donneur d'ordres européen sont à l'image des enjeux actuels du commerce équitable. En France, en cinq ans, ce système marchand s'est beaucoup développé. Les consommateurs sont nombreux à accepter de payer un peu plus cher des aliments qui, leur dit-on, vont permettre aux petits producteurs pauvres du Sud de vivre décemment. Qu'en est-il réellement ? Le commerce équitable aide-t-il les plus défavorisés à sortir du dénuement ?
Au Sri Lanka, la coopérative SOFA est une réussite. Les fermiers, organisés de manière transparente et démocratique, vendent leurs récoltes à la société voisine Biofoods, également labélisée par Max Havelaar. Celle-ci paie 45 roupies le kilo de feuilles de thé, soit 15 roupies de plus que les intermédiaires habituels dépendant de l'Etat sri-lankais. Biofoods transforme et emballe les feuilles dans les boîtes fabriquées par les femmes de la coopérative, puis les expédie jusqu'au Havre.
En théorie, la coopérative ne devrait pas dépendre d'une seule entreprise privée car cela la fragilise. Mais, sur le terrain, ce n'est pas la priorité. "Nous avons confiance", note K. M. Senevirathna. A ce stade, l'assistance agronomique et commerciale apportée par Biofoods est jugée plus importante.
De l'autre côté de la montagne, au nord, les Tigres indépendantistes mènent leur guerre fratricide contre le gouvernement. Ici, dans la région de Kandy, Cinghalais et Tamouls vivent en harmonie.
Grâce au commerce équitable, ils osent même penser à l'avenir et la difficulté ne les effraie pas. Chacun cultive par exemple sa petite parcelle en mode "bio", selon huit cahiers des charges différents (suisse, européen, américain, japonais...) !
L'idée est de protéger la terre et leurs enfants. Tous fuient les produits chimiques, qui les ont rendus malades : "On vaporise dans les champs, sans protection, et les enfants sont souvent à côté des parents qui travaillent", raconte un ex-manager de plantation conventionnelle. Ils veulent réapprendre les pratiques traditionnelles, plus en accord avec le bouddhisme, qui prône le respect de toutes les formes de vie.
Faire partie de la coopérative SOFA les aide. C'est pour eux la certitude d'avoir un prix garanti et plus élevé, des importateurs qui s'engagent à long terme et qui préfinancent à 50 % leurs commandes. "Nous n'avons plus à emprunter à des taux bancaires trop élevés pour acheter semences ou pesticides", dit l'un d'eux.
Il a fallu du temps à l'ingénieur qui préside SOFA pour convaincre ces familles isolées. Aujourd'hui, elles y croient et se plient de bonne grâce aux exigences de vérifications et aux multiples contrôles des donneurs d'ordres occidentaux.
La coopérative a établi une liste de ses membres, recensé les parcelles cultivées et organisé une vie communautaire afin de ne servir aucun intérêt particulier. L'ouverture d'un compte en banque consacré à la gestion de la prime de développement a demandé deux ans, mais un suivi détaillé des 11 387 euros reçus en 2004 permet de mesurer les changements opérés dans la vie des fermiers : tous les membres ont reçu de nouveaux plants de thé et d'épices pour densifier les champs et diversifier les cultures, ainsi que du fertilisant naturel. Des livres scolaires ont été achetés pour les enfants les plus brillants. Deux forages pour l'eau ont été effectués, des toits ont été changés, des chaises et des tables achetées... Un paradis, la coopérative ? "Le travail n'est pas plus facile qu'à l'usine, mais je me sens plus libre", explique Indrani Weerasekara, nouveau membre qui auparavant travaillait dans une usine textile qui a fait faillite.
A plus de 2 400 kilomètres de là, au nord-est de la Thaïlande, près de la frontière cambodgienne, la situation est tout autre dans la coopérative Organic Agriculture Coopérative Surin (OACS). Un petit bâtiment vient de sortir de terre entre les rizières asséchées. Il abrite le bureau de la nouvelle comptable, qui dispose d'un ordinateur. C'est tout.
Il y a deux ans, le président de la coopérative est parti avec la caisse, et les comptables disparaissent les unes après les autres sans laisser de traces. Cela fait pourtant cinq ans que la filière Max Havelaar tente d'influencer positivement le sort de ces 268 familles depuis toujours à la merci des "coyotes" chinois qui contrôlent la vente de riz dans cette région très pauvre en possédant tous les moulins.
Alter Eco achète à OACS - via la société d'exportation locale ESAN, labélisée Max Havelaar - 70 % du riz jasmin et du riz rouge qu'elle vend en France. Les paysans se disent heureux de bénéficier d'un meilleur prix d'achat pour leur riz, mais très peu en connaissent les raisons.
Le prix d'achat plus élevé ? "C'est parce que notre riz est meilleur", répond l'un d'eux. La prime de développement devant servir à structurer la communauté ? "J'ai oublié ce que c'est", dit Lin Giwengdii, producteur n° 44, à la tête d'une rizière de 8 hectares. "On essaie d'expliquer, mais cela ne les intéresse pas. Ce qui les intéresse, c'est de savoir quand on leur achète leur riz et à quel prix", confie en aparté le nouveau président d'OACS, visiblement dépassé.
Sans projet collectif, les finances de la communauté restent obscures. Aucun compte ne retrace précisément l'emploi des 20 127 euros versés par Alter Eco. Qu'en ont-ils fait ? Les circuits internes sont difficiles à contrôler, sans compter les soupçons de corruption qui pèsent sur l'omniprésente "responsable marketing", Khun Pa Hom, à la fois contact privilégié des autorités locales et propriétaire bienheureuse du moulin qui décortique, à 1 roupie le kilo, tout le riz de la coopérative.
L'inspecteur de Max Havelaar vient encore de visiter OACS. Son ton s'est durci. Au centre du bureau de la coopérative trône un grand tableau où sont notés tous les manquements. "Le commerce équitable, ce sont des droits, mais aussi des obligations", leur rappelle, une fois encore, Tristan Lecomte. A moins de changer radicalement, bientôt OACS ne pourra plus vendre son riz en tant que produit "équitable".
"Nous allons progressivement arrêter d'acheter à OACS tant qu'ils n'ont pas réalisé les changements que nous leur demandons depuis si longtemps, avoue Tristan Lecomte. C'est dur." Même le bonze, Luang Paw Nan, apôtre local de la démarche bio et équitable, a fini par prendre ses distances avec cette coopérative qui navigue en eaux troubles.
Même lieu, autre situation. De l'autre côté de la ville de Surin, à quelques kilomètres d'OACS, une autre coopérative, ORFSC, créée en 2003 par 545 familles khmères, produit également du riz jasmin et du riz rouge. Elle vend sur le marché local et exporte en "équitable" sous le label Max Havelaar. Elle, en revanche, affiche un dynamisme et une envie de réussir qui font plaisir à voir.
En deux ans, la coopérative n'a reçu que 2 297 euros de prime de développement de la part d'Alter Eco mais, conseillée par une ONG et encouragée financièrement par l'autorité provinciale, elle vient encore de gagner en indépendance en construisant sa propre unité d'emballage. Grâce à cet outil, la coopérative, tout juste certifiée "bio", peut exporter directement son riz. Un exploit qui crée des emplois et retient un peu plus de richesse sur place.
Florence Amalou


Chiffres

Marché. Les consommateurs du Nord ont acheté pour 1,25 milliard d'euros de produits équitables en 2006 (soit 0,01 % du commerce mondial). L'Europe est le plus important marché au monde.
LEXIQUE
Max Havelaar. Cette certification concerne 80 % des produits de commerce équitable vendus en France. Bien que non reconnue officiellement par les pouvoirs publics, elle garantit le respect des règles de l'équitable pour 166 marques, vendant 1 500 produits différents dans 55 000 grandes surfaces et 2 800 magasins spécialisés. Elle appartient à l'association Fairtrade Labelling Organization (FLO), créée en 1997 par 20 associations européennes, nord-américaines et asiatiques.
Fairtrade Labelling Organization (FLO). Son conseil d'administration compte des producteurs, des transformateurs, des importateurs et des associations. Décidée à obtenir la norme internationale ISO 65 pour devenir un organisme certificateur reconnu des pouvoirs publics, l'association a accéléré sa professionnalisation et s'est divisée en deux branches en 2004.
Flo International. Basée aux Pays-Bas, elle conçoit les standards des différentes filières (coton, café...). Elle fixe les obligations des producteurs et des importateurs, et les prix minimums d'achat des productions. Ses détracteurs lui reprochent des prix minimums insuffisants, des frais de certification trop élevés, et des exigences environnementales difficiles à appliquer au démarrage.
Flo-Cert. L'autre division, basée en Allemagne, vérifie la conformité des coopératives et accorde les certifications. En 2006, 718 organisations de producteurs ont été visitées et 20 ont perdu leur certification.
À LIRE
Le Guide du commerce équitable, de Carine Keyvan et Nathalie Frachon (Solar, 320 pages, 19,90 euros).
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Cet article pèse relativement bien le pour et le contre avec exemples et contre-exemple.
Il démontre aussi les difficultés de professionaliser la filière et surtout de mettre en place une certifcation internationale.

Finalement il fait ressortit le constat simple qu'il faut se renseigner avant d'acheter "équitable". Et c'est tout l'objectif : faire réfléchir les consommateurs pour qu'ils deviennent consom'acteurs ! Parce que ce n'est pas tant la part du commerce équitable qui compte (0,01% c'est infime), c'est surtout la prise de conscience et la sensibilation afin de faire changer les règles inégales qu'imposent Banque Mondiale, OMC, FMI ...


Et au Pérou comment ça se passe ?

Tu disais avoir rencontré un stagiaire impliqué dans le commerce équitable, t'as pu en parler avec lui, savoir comment ça se passait sur place.